Reflets de l’intérieur

L’homme doit découvrir que tout ce qu’il voit dans la nature- Le monde pâteux et étranger des profondeurs de l’océan, les étendues de glace, les reptiles des marais, les araignées et scorpions, les déserts des planètes sans vie -- a son pendant à l’intérieur de lui-même. Il n’est donc pas réunifié avec lui-même avant d’avoir admis que »cette face cachée »de la nature et les sentiments d’horreur qu’elle lui inspire sont aussi « je ». Car toutes les qualités que nous admirons ou répugnons dans le monde autour de nous sont des reflets de l’intérieur- quoique d’un intérieur qui soit aussi un au-delà, inconscient, immense et inconnu. Les sentiments que le monde rampant des nids de guêpes et de la fosse du serpent nous inspirent se rapportent à des aspects cachés de nos propres corps et cerveaux, des aspects cachés de toutes les potentialités de cheminements et frissons méconnus, de vilaines maladies et de douleurs inimaginables.

Extrait de: »Eloge de l’insécurité » Alan W.Watts 1951